Peso Pluma, nouvelle star des cartels mexicains ?

Les images d'un concert récent du groupe Los Alegres del Barranco ont scandalisé toute une partie de la population mexicaine. Le 31 mars dernier, à Guadalajara, le groupe a exhibé sur scène un portrait géant de El Mencho, le patron du cartel Jalisco Nueva Generación, l'un des plus puissants et des plus dangereux du pays. Un geste qui a créé l'effroi alors que deux semaines plus tôt, la police avait découvert une fosse commune dans un ranch considéré comme un "centre d'extermination" du cartel Jalisco. Une coïncidence ou un acte délibéré qui fait froid dans le dos. Le gouverneur de l'état de Jalisco a aussitôt réagi en déclarant qu'il fallait tout faire pour mettre fin à la banalisation de la violence. Et la Présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum elle-même, a demandé qu'une enquête soit menée après le concert de Los Alegres del Barranco.

Des réactions officielles et légitimes quand on voit l'ampleur que prend le phénomène depuis plusieurs années. Les chansons à la gloire des barons de la drogue ne sont en effet pas une nouveauté entre Mexico et Acapulco. Mais récemment elles ont pris une telle importance que cela pousse les autorités à réagir à chaque débordement. Et dans leur viseur, on retrouve souvent le chanteur et auteur-compositeur mexicain, Peso Pluma. Celui-ci est en effet devenu très rapidement l'un des symboles des narcocorridos, ce style musical typique du mexique où les chansons décrivent des histoires, réelles ou fictives, en lien avec le trafic de drogue. En 2023 par exemple, Peso Pluma a fait paraître le single "PRC" dans lequel il raconte la vie d'un trafiquant de stupéfiants qui fait transiter sa marchandise par la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. Et le succès du titre atteste de l'intérêt pour ce style musical douteux. Le clip du tube "PRC" a depuis cumulé 372 millions de vues sur Youtube. Et sur les plateformes de streaming, c'est aussi un énorme carton ! Carton qui entre autres, permet à Peso Pluma de se faire connaître dans le monde entier et de se produire sur les scènes les plus prestigieuses. Récemment il s'est produit au festival de Coachella en Californie et le 16 juillet prochain il était annoncé à Paris pour un concert à l'Olympia. Malheureusement, aux dernières nouvelles, ce rendez-vous avec le public français est annulé. Il faudra attendre encore un peu pour juger sur pièce de son style musical.

En tout cas, si le phénomène des narcocorridos nous paraît récent et prendre de l'ampleur, en réalité, il ne date pas d'hier. Les premières chansons de ce style musical controversé datent en effet de la période de la prohibition aux Etats-Unis, dans les années 1920. Déjà à cette époque, les morceaux évoquaient la vente illégale d'alcool qui partait du Mexique pour arroser New-York ou Chicago. Et les chansons, à texte, racontaient dans le détail les crimes, les arrestations et les procès qui découlaient de cette contrebande. Vous voyez, au final les jeunes générations n'on rien inventé. Mais Peso Pluma lui, n'a en tout cas jamais confirmé ces liens supposés avec une quelconque organisation criminelle. Mais il ne les a pas infirmés non plus ...