La cuisine italienne au patrimoine mondial !

Ce mercredi 10 décembre, à New Delhi, le comité intergouvernemental de l'UNESCO a dit oui à cette candidature historique. Et si on vous dit historique, c'est parce que c'est vraiment une première : jusqu'ici, l'organisation n'avait reconnu que des pratiques gastronomiques isolées, comme le repas gastronomique français ou les sushi japonais. Jamais toute la cuisine d'un pays dans son ensemble. L'Italie vient donc de franchir une étape inédite.

Mais attention, on ne parle pas ici de recettes figées ou de plats en particulier. Ce que l'UNESCO reconnaît, c'est quelque chose de beaucoup plus profond : une manière d'être à table, de cuisiner, de penser la nourriture. C'est le déjeuner du dimanche qui n'en finit pas, la sauce qui mijote pendant des heures, la nappe blanche qu'on sort pour les grandes occasions et qui finit toujours tachée de sauce tomate. C'est aussi ces gestes transmis de génération en génération, le pain qu'on se passe mais jamais le sel (porte malheur !), et cette créativité incroyable pour transformer les restes en festin.

Le dossier de candidature, préparé par le ministère de la Culture italien avec l'historien de l'alimentation Massimo Montanari, présente la cuisine italienne comme une "cuisine des affections". Une mosaïque de cuisines régionales et familiales qui évoluent constamment, se mélangent, se transforment. Parce que oui, la tomate vient d'Amérique, les pâtes sèches ont transité par le monde arabe, mais tout ça fait aujourd'hui partie intégrante de l'identité culinaire italienne.

Cette reconnaissance n'est pas qu'un symbole. Elle engage l'Italie à protéger et transmettre ce patrimoine vivant. Concrètement, ça veut dire éducation alimentaire dans les écoles, soutien aux producteurs locaux, protection de la biodiversité. Et tous les six ans, l'Italie devra présenter un rapport à l'UNESCO sur la transmission de cet héritage aux nouvelles générations. Et puis c'est aussi une arme supplémentaire contre les faux produits italiens qui envahissent le marché mondial. À côté des appellations protégées, il y aura maintenant la marque d'un patrimoine reconnu internationalement.

Mais Massimo Montanari le rappelle avec sagesse : ce n'est pas une victoire pour crier "nous sommes les meilleurs". C'est plutôt une invitation à reconnaître que la cuisine italienne s'est toujours nourrie d'échanges, de mélanges, de rencontres. Et surtout, c'est un engagement : continuer à mériter cette reconnaissance, jour après jour, en continuant à se mettre à table ensemble. Alors félicitations à nos amis italiens et Buon Apetito a tutti !