Gran Combo de Puerto Rico : Mort de Rafael Ithier.

Publié : 15h00 par Ludovic VILAIN

Crédit image: Capture Instagram@wgsalsa

Porto Rico pleure la disparition d'un de ses plus grands ambassadeurs musicaux. Rafael Ithier, fondateur et directeur musical du légendaire El Gran Combo de Puerto Rico.

Les amateurs de musique latine et de salsa en particulier sont très tristes depuis l'annonce de la mort de Rafael Ithier, l'un des fondateurs du mythique Gran Combo de Puerto Rico. Ce musicien légendaire est décédé samedi dernier au bel âge de 99 ans, et sa  mort, confirmée par l'avocat de la famille, marque la fin d'une époque pour la salsa mondiale.

Né à San Juan et élevé dans le quartier populaire de Río Piedras, Rafael Ithier a connu une jeunesse difficile après la perte de son père à l'âge de 8 ans. Musicien autodidacte, il commence la guitare à 10 ans, jouant dans une épicerie de quartier pour des pourboires. À 14 ans, contraint de quitter l'école pour des raisons économiques, il intègre son premier groupe, le Conjunto Hawaiano, où il apprend entre autres la contrebasse. Plus tard, il se formera seul au piano et au solfège.

Après ses vingt ans, Ithier rejoint l'armée américaine et est envoyé en Corée, une expérience militaire qui marquera profondément sa vision de la musique. Il voyage ensuite à New York où il forme "The Borinqueneers Mambo Kings", en hommage au prestigieux 65e régiment d'infanterie portoricain. De retour au pays, il rejoint Cortijo y Su Combo mais envisage d'abandonner la musique après l'arrestation du chanteur légendaire Ismael Rivera.

C'est en mai 1962, au Rock'n Roll Club de Bayamón, que tout bascule. Rafael Ithier prend place au piano pour la première nuit d'El Gran Combo, et comme le dit si bien la Fondation Nationale pour la Culture Populaire, "le reste appartient à l'histoire". Pendant plus d'un demi-siècle, avec son sourire caractéristique et sa moustache noire, Ithier dirigera l'orchestre d'une main de fer, appliquant la discipline militaire apprise pendant son service.

El Gran Combo devient rapidement "l'Université de la Salsa", formant de nombreux musiciens qui deviendront des légendes à leur tour. L'orchestre se produit sur les cinq continents, enregistre plus de 40 albums et accumule les tubes : "Jala Jala", "Me Liberé", "Y No Hago Más Ná", et surtout "Un Verano en Nueva York", qui inspirera le célèbre "Nuevayol" de Bad Bunny.

Charlie Aponte, l'un des chanteurs emblématiques du groupe, a rendu hommage à celui qu'il considérait comme un père, soulignant son exigence de responsabilité, de discipline et de professionnalisme. La gouverneure de Porto Rico elle-même, Jenniffer Colón, a annoncé qu'une période de deuil officiel serait bientôt proclamée. Rafael Ithier laisse derrière lui une épouse, cinq enfants, et un héritage musical immortel qui transcende les frontières et les générations et qu'on se plaira toujours à écouter sur Latina.