Le "son cubano" rejoint le patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO

Le comité du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO, réuni à New Delhi en Inde, vient d'offrir au "son cubano" la reconnaissance qu'il mérite depuis longtemps. Ce genre musical emblématique, véritable colonne vertébrale de la musique cubaine, rejoint ainsi d'autres trésors de l'île déjà inscrits comme la rumba, la tumba francesa ou encore le savoir-faire des maîtres du rhum cubain. Une belle victoire pour Cuba qui voit ainsi l'un de ses plus précieux héritages culturels reconnu à l'échelle mondiale.

Né au XIXe siècle dans les collines rurales de l'est de Cuba, le son cubain est le fruit d'un métissage musical exceptionnel entre la tradition lyrique espagnole et les rythmes africains portés par les percussions. Cette fusion unique s'exprime à travers une instrumentation caractéristique qui mêle plusieurs instruments comme le bongó et la trompette. La structure musicale alterne brillamment entre une voix de soliste et un chœur qui reprend le refrain, créant cette dynamique festive et entraînante qui a fait le tour du monde.

Des montagnes vers les villes, puis de La Havane vers l'ensemble de l'île, le son a conquis Cuba avant de s'exporter à partir des années 1930. Le Trio Matamoros et le Septeto Nacional ont ouvert la voie, suivis par des légendes comme Beny Moré, Compay Segundo et Ibrahim Ferrer. Ces artistes ont porté le son bien au-delà des frontières cubaines, jusqu'à Porto Rico, en Colombie, au Venezuela et au Panama.

L'influence du son sur la musique latino-américaine du XXe siècle est immense. Ce genre a engendré le mambo et le cha-cha-cha dans les années 1940-50, avant de donner naissance à la salsa dans les années 1960. En 1996, l'album légendaire du Buena Vista Social Club a provoqué un véritable phénomène mondial, remettant sous les projecteurs ces soneros des années 1930 et 1940 et suscitant un engouement international pour les musiques traditionnelles cubaines.

L'UNESCO souligne que le "son" reste une pratique sociale vivante, présente lors des célébrations communautaires et dans les répertoires des musiciens de toutes générations. Plus qu'une simple musique à danser en couple, le son représente l'identité même du peuple cubain. Comme le dit si bien Pachy Naranjo, pianiste et leader du groupe Original de Manzanillo : "Le son ne nous identifie pas seulement comme chanson, il nous identifie comme personnes, comme Cubains."

Cette inscription au patrimoine immatériel de l'humanité garantit la préservation et la transmission de ce trésor musical aux générations futures, tout en reconnaissant son rôle essentiel dans la cohésion sociale et la mémoire historique de Cuba. Et si vous aussi vous aimez ça, écoutez par exemple notre émisison consacrée à la salsa, tous les dimanches sur Latina.