Des lits munis de capteurs pour surveiller les étudiants au Crous de Rennes !

9 septembre 2017 à 9h25 par Bertrand Loppin

Dix lits d'une résidence universitaire de Rennes étaient munis de capteur pour détecter tout acte de vandalisme. Face à une telle mesure portant atteinte à la vie privée des étudiants, le Crous a plié. Les fameux capteurs seront retirés⬦

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Décidément la vie d’étudiant n’est pas facile. Pour beaucoup, se loger constitue un vrai défi. Entre les loyers hors de prix, les appartements aux états douteux et les formalités sans fins, certains vivent un vrai parcours du combattant. Et lorsque l’on réussit à se voir attribuer une chambre en cité U, privilège rare, l’offre étant bien inférieure à la demande, ce n’est pas gagné pour autant.

Les faits se sont déroulés à la résidence universitaire Maine 1 à Rennes. Dans cette cité U constituée de 150 logements, une dizaine de chambres ont été équipées de lits connectés. Ces lits, escamotables et pouvant se rabattre au plafond, ont été conçus par une filiale d’une PME vendéenne. Aussi ingénieux que les radars cachés dans des poubelles, ces lits avaient pour particularité d’être dotés de capteurs pour collecter en temps réel des données permettant une maintenance préventive.

Concrètement, ce dispositif technologique permettait ainsi de contrôler le bon usage du lit afin d’éviter toute dégradation matérielle. Par exemple, si un étudiant invite dans sa chambre une dizaine de potes pour un apéro et se sert du lit comme canapé pour installer tout le monde, les capteurs détectent cet usage anormal et envoient un SMS signalant l’anomalie à un agent technique de la résidence qui peut alors intervenir...

Le quotidien Ouest France a eu connaissance de ce beau projet et a révélé l’affaire. De nombreux étudiants et internautes ont accueilli fraichement l’idée, exprimant leurs doutes quant au fonctionnement des capteurs et au véritable but de l’opération.

Face à la polémique, le Crous de Rennes a déclaré qu’il s’agissait d’une expérimentation et que pour l’instant, cette dernière n’avait pas encore été lancée. Le Crous de Rennes a également précisé que le dispositif devait être présenté aux étudiants et que seuls les étudiants volontaires seraient concernés. Le Crous s’est enfin défendu de toute velléité d’espionner les étudiants, assurant qu’il s’agissait uniquement « de planifier l’entretien préventif et d’observer l’usure du lit »…

Mais cette mise au point n’a pas vraiment calmé les choses. Du coup, face à l’ampleur du tollé, le Crous de Rennes s’est finalement résolu à tout annuler. Il n’y aura pas lits connectés. Il n’y aura pas de capteurs. Les équipements seront retirés dans les prochains jours.