Déforestation : la Colombie a perdu l’équivalent de sa capitale en forêt
Publié : 9 juillet 2021 à 7h00 par Jérome Pasanau
Depuis le traité de paix signé avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), en 2016, la déforestation ne cesse d'augmenter dans le pays, jusqu'à atteindre la superficie de sa capitale, Bogota.
La Colombie a perdu de 1 718 km2 de forêt en 2020, l'équivalent de la superficie de la capitale Bogota, ce qui représente une hausse de 8% par rapport à l'année précédente, a annoncé mercredi 7 juillet le ministère de l'Environnement. L'Amazonie est la principale victime (64%) des incendies et du déboisement dans ce pays. "C'est là que nous devons faire les plus grands efforts", a reconnu Carlos Correa, ministre de l'Environnement et du Développement durable lors d'une conférence de presse.
Plus grande forêt tropicale du monde, l'Amazonie s'étend sur le territoire de neuf pays : Brésil, Bolivie, Pérou, Equateur, Colombie, Venezuela, Guyana, Surinam et Guyane française. Selon Francisco Cruz, vice-ministre de l'Environnement, l'augmentation en 2020 est due à l'influence croissante des groupes armés qui encouragent les agriculteurs à déboiser "librement". Les dissidents de l'ancienne guérilla des FARC, qui rejettent l'Accord de paix de 2016, ainsi que divers groupes de narcotrafiquants et de contrebandiers opèrent en Amazonie. La déforestation a explosé dans le pays après la signature de l'Accord de paix. Elle a atteint un record historique, l'année suivante en 2017, avec 2 170 km2 déboisés.
Au pouvoir depuis août 2018, le président de droite Ivan Duque a lancé l'opération Artemisa qui prévoit un déploiement militaire pour lutter contre la déforestation. Selon le ministère de l'Environnement, l'accaparement illégal de terres pour l'élevage extensif de bétail, la construction de routes clandestines en Amazonie, les cultures de coca, l'extraction illégale de minéraux et l'exploitation forestière sont les causes de la déforestation.
Début mars, onze organisations de défense de l'environnement et des indigènes ont annoncé avoir assigné le groupe Casino devant la justice française pour sa responsabilité dans la déforestation de l'Amazonie avec la vente de viande issue d'élevages extensifs au Brésil et en Colombie.