Votre patron peut-il vous licencier car vous n'êtes "pas assez fun" au travail ?

Publié : 22 novembre 2022 à 16h02 par A. L.

Votre patron peut-il vous licencier car vous n'êtes "pas assez fun" au travail ?
Photo d'illustration
Crédit : Pixabay

Congédié par son employeur parce qu'il n'était pas assez "fun", un salarié vient d'obtenir gain de cause au tribunal.

L'histoire remonte à 2011 lorsque "Monsieur T." est embauché par un cabinet de conseil et de formation parisien comme consultant senior. Promu directeur en 2014, il est malheureusement licencié en mars 2015 pour insuffisance professionnelle. En effet, selon son employeur, l'homme n’adhère pas aux valeurs "fun et pro" de l’entreprise.

Une décision que Monsieur T. décide de contester en saisissant le conseil de prud’hommes, pour licenciement nul. Il estime en effet avoir été renvoyé en raison de son "comportement critique et son refus d'accepter la politique de l'entreprise basée sur l'incitation à divers excès". Son entreprise lui reproche notamment de ne pas participer aux apéros organisés en fin de semaine, ou encore de critiquer l'alcoolisation excessive des équipes lors de ces"moments de convivialité".

 

La justice lui donne raison

 

Contestée par le salarié devant le tribunal des Prud'hommes, la décision a ensuite été renvoyée en cour d'appel. Son verdict a donné lieu à un pourvoi en cassation. Les magistrats ont considéré "que le licenciement (est) intervenu en raison de l'exercice par le salarié de sa liberté d'expression ; que la cour d'appel a constaté qu'il ne pouvait être reproché à Monsieur T. son absence d'intégration de la valeur 'fun & pro' de l'entreprise caractérisée par des 'pratiques humiliantes et intrusives dans la vie privée telles que des simulacres d'actes sexuels, l'obligation de partager son lit avec un autre collaborateur lors des séminaires, l'usage de sobriquets pour désigner les personnes et l'affichage dans les bureaux de photos déformées et maquillées'".

La Cour de cassation a donc annulé une partie du licenciement et a condamné l'employeur à verser à son ex-salarié la somme de 3 000 euros. La Cour d’appel de Paris doit néanmoins examiner le montant du dédommagement total à payer. Monsieur T. réclame 461 406 euros.