En Italie, cuisine et tourisme font bon ménage !

Voilà une publicité qui ne va pas ralentir l'explosion du surtourisme en Italie. Chez nos voisins transalpins en effet, les visiteurs sont toujours très nombreux et certaines villes tentent même, avec un succès modéré, de limiter le nombre de touristes dans leurs rues. On vous a par exemple déjà parlé ici même des mesures mises en place à Venise pour enrayer le surtourisme. Et si à Rome ou à Florence, on est aussi tendu face à cette situation, les nouvelles habitudes des visiteurs étrangers risquent fort de ne rien arranger. Le pays est en effet le théâtre d'une explosion d'un nouveau genre de tourisme, le tourisme gastronomique. Certains le déplorent et parlent même de ce qu'on appelle déjà une "foodification" du pays. On vous explique.

Si vous passez bientôt en Italie et que vous dénichez une petite trattoria bien sympa et authentique pour déguster une assiette de pasta, attention vous risquez fort de ne pas être le premier à pousser la porte du restaurant. Et si en partant, vous postez également une belle photo de votre assiette sur les réseaux sociaux, alors là, vous deviendrez même complice de ce nouveau phénomène qui agace de plus en plus les italiens, à savoir le tourisme culinaire, appelé aussi vulgairement la "gentrification" par la gastronomie. Et certains, comme des journalistes italiens, tirent déjà la sonnette d'alarme et attirent l'attention sur le phénomène. Même si, du côté du tiroir-caisse, le compte y est pour les recettes touristiques du pays. Le preuve avec les 9 milliards d'euros générés par le tourisme gastronomique sur les quatre premiers mois de l'année 2025. Alors certains ne s'y trompent pas et comptent bien en profiter. C'est le cas par exemple de ces entrepreneurs qui lancent des business totalement dédiés à ces nouvelles habitudes de voyage. Ils développent par exemple des itinéraires gastronomiques spécialement étudiés pour les touristes dans les grandes mais aussi les plus petites villes. Mais du coup, si ces nouvelles pratiques font connaître le patrimonie culinaire de l'Italie, elles accélèrent aussi l'uniformisation des plats et gomment les saveurs. Un comble dans un pays qui regorge de spécialités comme les Arancini ou le Tiramisu et qui sera peut-être bientôt récompensé par l'Unesco.

L'Italie attend en effet d'ici la fin de l'année l'inscription de sa cuisine au patrimoine immatériel mondial. Une distinction prestigieuse que la France a obtenu pour sa part en 2010. Mais on ne dit pas ça pour exciter la jalousie de nos amis italiens. En revanche, certains italiens eux, considèrent que cette future récompense excitera encore plus la curiosité des touristes et viendra accroître le phénomène de toursime gastronomique. Au point peut-être de parler bientôt de surtourisme gastronomique ? Alors que pourtant, la foodisation du pays ne date pas d'hier.

C'est même dans les années 2000 que le terme "foodisation" est apparu pour la première fois, avant d'être repris ensuite par deux chercheurs de Turin, Paolo Tessarin et Marco Perucca. Ils notent d'ailleurs, et depuis longtemps, que le phénomène n'a pas de responsable tout désigné et que nous y participons tous à notre niveau et malgré nous. Il suffit de partager une photo, comme on l'écrivait plus haut, pour alimenter la foodification galopante du pays et encourager la transformation des villes et des villages en Italie. On constate en effet depuis quelqiues temps que les commerces de proximité cèdent de plus en plus la place à une quirielle de nouveaux restaurants. Et même les commerces "branchés", issus de la première vague de gentrification, font place de plus en plus à des enseignes orientées exclusivement vers la nourriture et la gastronomie. Comme l'a écrit ainsi le journal italien La Repubblica, de Naples à Florence, de Rome à Palerme, les cités historiques se muent en véritables "buffets à ciel ouvert". Vous reprendrez bien une petite part de pizza du coup ?