Sauver les restes d'un glacier avec une couverture en plastique, l’idée « absurde » du Vénézuela

11 mars 2024 à 11h13 par Estelle Lafont

Le Vénézuela veut sauver son dernier glacier de la fonte
Le glacier Corona (Venezuela) trop petit pour être sauvé ?
Crédit : Pixabay

Le dernier glacier du Venezuela, le Corona, n’est plus que l’ombre de lui-même et un projet gouvernemental cherche à le sauver en lui appliquant une couverture de plastique polymère : « illusoire » pour certains experts.

Il faut sauver Corona, pas la bière, mais ce qu’il reste du plus grand glacier du Venezuela.
Autrefois large de 1 000 hectares (la grandeur du parc de Vincennes), il n’en reste aujourd’hui que 2, et pourrait presque tenir sous la tour Eiffel.
Situé côté Atlantique sur le continent sud-américain, le Venezuela est entouré par la Colombie à l’ouest et le Brésil au sud.
Premier pays de la cordillère des Andes à avoir perdu la totalité de ses cinq glaciers, le Venezuela voudrait sauver ce qu’il reste du dernier avec un plan de préservation jugé « absurde » et « illusoire » par des spécialistes, rapporte Ouest-France.

Une méthode déjà utilisée 

Le polypropylène, ce matériau plastique, est déjà utilisé pour protéger la neige à des fins touristiques depuis plus de 20 ans dans les Alpes ou encore en Russie lors des Jeux Olympiques de Sotchi en 2014.
Le procédé est simple, des rouleaux sont disposés sur la zone à protéger, le matériau revoit les rayons du soleil et préserve une température idéale à la surface pour que ça ne fonde pas.
Dans le cas présent, on sait qu’environ 35 rouleaux (longs de 80 m pour 2,5 de large) de polypropylène ont été acheminés par hélicoptère vers le sommet, mais n’ont pas encore été installés.
Pour Jehyson Guzman, gouverneur de la province de Mérida où se trouvent les vestiges du glacier Corona, et le président du pays Nicolas Maduro, cette couverture thermoplastique va sauver le glacier, ce qui n’est pas de l’avis de tout le monde…

« Ce que nous avons, c’est un morceau de glace »

C’est le constat que fait Julio César Centeno, professeur à l’Université des Andes (ULA) et conseiller à la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement (CNUED).
Techniquement parlant déjà le Corona ne peut plus être qualifié ainsi puisqu’il ne remplit pas vraiment les conditions de taille de ce qu’on attend d’un glacier, d’après lui sa disparition est inévitable et le processus « irréversible ».

Avec d’autres scientifiques, il compte demander à la Cour Suprême de suspendre le projet qui, n’aurait pas fait l’objet d’une étude d’impact environnemental et n’aurait pas non plus été soumis à une consultation publique comme exigé par la loi.
Pour ces spécialistes, en plus de dégrader la couverture de lichens qui s’est installée au fil du temps sur la roche et de polluer l’eau et les cultures avec les microplastiques qui se détacheront des rouleaux, ce procédé n’est qu’une illusion : des frais inutiles et un impact écologique négatif au nom de la «préservation d’un glacier qui n’existe déjà plus ».