Equateur : une fuite massive de pétrole souille la jungle amazonienne

2 février 2022 à 12h15 par Iris Mazzacurati

Piedra Fina
Piedra Fina
Crédit : Handout / Ecuador's Ministry of Environment / AFP

Le pétrole a jailli dès que l'énorme roche a explosé le tuyau, racontent les ouvriers. Dans le nord-est de l'Equateur, le brut qui s'écoule depuis des jours d'un oléoduc endommagé par une chute de pierre empoisonne lentement la jungle amazonienne.

Les flaques noirâtres et poisseuses ont déjà tué des animaux et menace des communautés locales.

Jeudi 27 janvier était un jour de fortes pluies, explique Cesar Benalcazar, un ouvrier de 24 ans, présent dans la zone de la catastrophe, à Piedra Fina, à un peu moins d'une centaine de kilomètres à l'est de Quito. 

La rivière Quijos était en crue, de gros rochers sont tombés dans la nuit depuis le sommet de la montagne. L'un a chuté "sur sa pointe" en plein sur l'oléoduc. "Lorsque le tuyau a explosé, le pétrole a jailli, comme une bombe à pression", selon César.

Tous les efforts des ouvriers, sautés aux commandes de leurs engins de terrassement pour contenir la fuite, ont été vains : "Nous avons essayé d'empêcher le pétrole d'atteindre la rivière, mais il a dévalé la pente en cascade", regrette César. Pas eu le temps de creuser un trou ou un bassin avec des pelleteuses pour recueillir le brut avant qu'il ne contamine la rivière.

Une "contamination à long terme"

Environ 21 000 m2 - deux hectares - de la réserve Cayambe-Coca ont été touchés. D'une superficie de plus de 4 000 km2, ce parc national baigné d'eau, de sources et des cascades, entre hautes montagnes volcaniques et forêts humides du bassin de l'Amazone, abrite une faune très variée et près de 400 espèces d'oiseaux.

Le brut s'est également écoulé dans la Coca, une rivière majeure de l'Amazonie qui se jette dans un fleuve, le Napo. Cette rivière et ce fleuve alimentent en eau de nombreuses communautés, y compris des peuples autochtones. "De petites traces (de pétrole) ont atteint les cours d'eau", a reconnu l'OCP.

A ce jour, ni le gouvernement ni l'OCP qui gère le pipeline de 485 kilomètres, n'ont précisé la quantité de pétrole déversée dans la nature. De l'aveu même des techniciens qui se sont précipités pour colmater la fuite, et qui ce début de semaine continuaient leurs efforts pour endiguer l'avancée de la nappe noire, la "contamination est à long terme".

 

 

(Avec APF)