Espagne : le riz à paëlla « risque fort de disparaître »

15 avril 2024 à 12h34 par Rubens Constantino

Espagne : le riz à paëlla « risque fort de disparaître »
Le riz à paëlla « risque fort de disparaître »
Crédit : DR

La production de riz pour la célèbre paëlla espagnole est confrontée à des défis qui pourraient compromettre son avenir, notamment en raison des changements climatiques et de certaines réglementations de l’Union Européenne.

Dans la région de Valencia à l’est de l’Espagne, il existe depuis 1997 un label d’origine « Arroz de Valencia ». Il désigne le riz bomba, variété la plus utilisée pour la paëlla grâce à sa grande capacité d’absorption de l’eau de cuisson.
Mais les régions méditerranéennes comme Valencia, étant le berceau du riz pour paëlla, subissent des perturbations majeures dues aux changements climatiques (sécheresse, grosses vagues de chaleur, précipitations imprévues), mettant en péril les cultures et les rendements habituels.
Le prix est également impacté, il a doublé en l’espace de trois ans, faute d’offre et grimpe jusqu’à cinq euros pour un kilo dans des enseignes comme Carrefour ou Ahorramas.

Pas la seule raison 

En 2018 déjà, l’Union Européenne avait interdit l’utilisation du tricyclazole, pesticide luttant contre les champignons et nuisibles qui ravagent le riz bomba. Il est donc désormais produit à l’aide d’au moins deux fongicides, dont leur interdiction est, depuis février 2024, l’une des pistes de l’UE dans la promotion de pratiques agricoles plus durables.
Seul souci, les agriculteurs concernés disent en dépendre et évoquent déjà les conséquences de cette décision. Trois producteurs de riz de la région de Valence ont déclaré que leur récolte de riz bomba en 2023 avait été divisée par deux par rapport à la moyenne réalisée depuis une décennie. Pour Miguel Minguet, président de l’Association Valencienne des Agriculteurs, cette variété prisée « risque fort de disparaître ».  

D’un autre côté, les productions de riz importées ne sont pas soumises aux mêmes normes, ce qui vient rajouter une couche à la colère des agriculteurs envers les réglementations de l’UE.
En effet des pays comme le Brésil, l’Inde ou le Cambodge continuent d’utiliser le tricyclazole et de vendre leur riz sur le marché européeen, créant ainsi une inégalité concurrentielle et compromettant la qualité et la sécurité alimentaire de la fameuse paëlla, qu’on aime tant.