50 ans de la Révolution des Œillets : ces chants qui ont réduit la dictature au silence

25 avril 2024 à 6h00 par Rubens Constantino

revolution des oeillets
Une fresque murale à Lisbonne représentant notamment le capitaine d'Avril Salgueiro Maia
Crédit : PATRICIA DE MELO MOREIRA / AFP

La musique au service de la paix. Il y a 50 ans, par une révolution quais pacifique baptisée des œillets, les Portugais mettaient fin à cinq décennies de dictature. Une révolution dont le coup d’envoi a été lancée par deux chansons. Un triple concert en lien est prévu ce jeudi 24 avril à Paris.

C’est la dictature qui aura été le plus longue d’Europe. Le 25 avril 1974, les militaires portugais du Mouvement des Forces armées (MFA) renversaient le régime autoritaire d’António de Oliveira Salazar, instauré dans le pays depuis 1933. Le tout, en moins de 24h heures et sans effusion de sang. Si ce n’est la mort de 4 membres du mouvement sous les tirs de la PIDE, police politique du dictateur Salazar.
Un coup d’état à l’initiative de quelques jeunes capitaines opposés aux guerres coloniales menées par le Portugal dans les années 60, qui s’est ensuite transformé en révolution populaire, la Révolution des Œillets.

« Et après l'au revoir »

La veille du 25 avril 1974, à 22h55, résonnent sur l’antenne d’Emissores Associados de Lisboa les premières notes de E depois do adeus (« Et après l’au revoir »).

Des ondes musicales qui font souffler un vent de révolte, la chanson a été choisie afin de servir de premier signal. À l’écoute des premières notes, les soldats devaient être prêts.

Mais l’élément déclencheur de l’opération, c’est Grândola, Vila Morena (« Grândola, ville brune »), ode à l’amitié et à la fraternité, écrit par José Afonso, artiste militant et opposant déclaré au régime de Salazar.

Ainsi, lorsque la chanson démarre aux alentours de minuit et demi à Lisbonne, les troupes se mettent en route pour ce qui deviendra le plus grand renversement politique de l’histoire portugaise. 

Alors si vous souhaitez revivre ce grand moment en musique, rendez-vous au Théâtre de la Ville à Paris. La salle prévoit un triple concert au cours duquel sera interprété, entre autres, le chant d’intervention Grândola, Vila Morena, par Maria Reis. Elle est aujourd’hui l’une des artistes « les plus convoitées de la jeune scène musicale underground portugaise ».
Une soirée aux sonorités 100% lusophones, avec la présence d’Africa Negra et Tânia Carvalho & Joana Gama.
Même si la billetterie officielle affiche complet, un agent sera présent sur place, deux heures avant l’évènement pour vendre les tickets restants à celles et ceux qui n’ont pas pu s’en procurer.

La fleur au fusil

Si l’expression nous vient des soldats français, souvent jeunes et inexpérimentés, partis au front durant la Première Guerre mondiale, l’image colle parfaitement à ceux étant à l’origine de cette révolution. C’est littéralement « la fleur au fusil » ou plutôt l’œillet au fusil que la démocratie fut introduite au Portugal.
Cette fleur rouge aurait été distribuée par une vendeuse lisboète aux soldats, qui se sont empressés de les placer sur leur fusil ou leur tenue, le symbole s’est ainsi propagé à tous les acteurs de la Révolution des Œillets.